Corseul - Rieux

 

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VOIE DE CORSEUL A RIEUX

FANUM MARTIS A  DURETIE

 

     Cet itinéraire ancien conduisait depuis la capitale des Coriosolites jusqu'à Rieux, Duretia, pont sur la Vilaine près de l'estuaire, importante station gallo-romaine en pays Vénète, et signalée dans la Table de Peutinger.

     Connue sur les cartes anciennes sous les noms de "vieux chemin de Saint-Méen à Corseul", de "Vieux Grand Chemin", "chemin Corseul" puis, plus au sud en Ille-et-Vilaine "chemin de Paimpont" , "ancien grand chemin de Saint-Méen à Paimpont", "chemin des Moines", "route des Abbayes" et encore  "voie de Rieux", la voie romaine partant  de Corseul suivait d'abord le tracé de la voie qui mène vers la Rance.

     L'historien Alfred Ramé en a suivi autrefois la partie nord puis Gaultier du Mottay a décrit son tracé en 1867. Dans les années 1980, J. P. Pincemin du CERAA a à son tour étudié le tronçon costarmoricain situé entre Corseul et Saint-Jouan-de-l'Isle (1).

     En 2017, Gilles Leroux de l'Inrap vient d'en exhumer un troncon, à Caulnes.

    La voie, quittant Corseul par le sud-est, passait par l'ancienne abbaye de Trégobet, à la Touraudais, la Touraudais d'en Haut, Pellan (2), puis direction sud à la Déroulède. Sur un gué, elle franchissait le ruisseau des Vaux, près de La Croix Mois (3)

 Corseul 1

la voie depuis Corseul

     Devenu aujourd'hui un chemin communal formant la limite des communes pendant deux kilomètres, son tracé recoupe la N176 après le rond-point de la Petite Croix en Vildé-Guingalan. Deux kilomètres plus loin, il croise à Boculé la D61 de Trélivan à Trébédan, redevenant un chemin rural de quatre kilomètres de longueur, limite de communes sur les deux premiers kilomètres de son parcours (4).

Borne 1

 borne - le Bosreux - 1,50 m 

        Le long de l'ancienne voie, entre Trébédan et Brusvily, sept bornes de pierre anépigraphiques sont plantées à intervalles réguliers.

 Corseul 2

la voie de Brusvily à Plumaudan

     Après la traversée du ruisseau du Bosreux, le chemin croise un vieux connu autrefois comme "ancien chemin de Dinan à Broons" (5) puis arrive au bourg de Brusvily sous le nom de "ancien chemin de Brusvily à Corseul" (5). Une très vieille croix au bourg de Brusvily atteste de l'ancienneté de la paroisse.

Rieux

 Brusvily, croix monolithique, début du moyen âge ?

      La voie quitte Brusvily, anciennement appelée cette fois "chemin de Brusivily à la Villalon" (5). Elle continue sous le tracé du chemin rural de la Ville Alon, long de trois kilomètres. Puis le chemin disparaît totalement du paysage pendant environ deux kilomètres (il pourrait traverser nord sud le petit bois de la Renaudais), il réapparaît 600 m à l'ouest de Plumaudan, de l'autre côté de la D64 allant de Trébédan à Plumaudan. C'est une nouvelle fois la limite communale sur une longueur de deux kilomètres (4). Il continue trois kilomètres encore, passe à la Croix Neuve (6), coupe la D39 d'Yvignac à Saint-Maden un kilomètre plus au sud, et se continue toujours pour rejoindre la D766 au Pont-Oger, en Caulnes. C'est la traversée du Frémeur, affluent de la Rance. Près de cet endroit, se trouve un embranchement de la voie conduisant vers Léhon et Alet ou Avranches.

Corseulla voie, de Plumaudan au Pont Oger 

     Mais ce tracé par le Pont-Oger coupe certaines des parcelles qui le limitent, ce qui signifierait qu'il est moins ancien que la cadastration. Un autre tracé est possible depuis la Croix Neuve, par Trévart (7). 200 m au sud de Trévart, on le suit sud-sud-ouest sous le nom de "chemin de Corseul" ((8) passant au Bas Breuil, à Bourrienla Gaudinais en Caulnes, les Champs Lizards, Launay Coëffel, la traversée du bois de la Haie (9). Il coupe la D46, disparait dans la RN12 au niveau de l'aire de repos du Val de Rance (un kilomètre à l'ouest de Saint-Jouan-de-l'Isle). De nouveau visible plus au sud, il traverse la D712 à la Croix Rouge (10), passe à la Foutelais, rejoint la D166 à la Ville Saint Michel (11).

Corseul

second tracé par Trévart, le chemin de Corseul. 

     Le "vieux grand chemin" (12) entre ensuite en Ille-et-Vilaine, traversant la Rance au niveau du Pont-Rimbert, limite de Quédillac. Il est ensuite recouvert par la D166 de Dinan à Vannes, sur cinq kilomètres, et depuis la Polka il épouse la limite des communes sur 1500 m (13).

      Pour suivre la suite du parcours par Saint-Méen-le-Grand, Gaël, Paimpont, voir le site : les voies romaines en Ille-et-Vilaine.

 

 

 

(1) J. P. Pincemin - Une voie ancienne entre Corseul et Saint-Jouan-de-l'Isle, segment probable de la liaison transpéninsulaire Corseul Rieux. Dossiers de CERAA n°13 - 1985

(2) A. Ramé a observé un chemin large et empierré près de la Motte, au Chênot et au nord de Pellan, visible sur le cadastre de Corseul de 1827.

(3) A. Ramé a repéré le bombé de la voie tout près du carrefour de la Croix Mois.

(4) J.P. Pincemin signale la voie connue à cet endroit sous le nom de Chemin Duguesclin.

(5) ancien cadastre de Brusvily - 1843

(6) Sur le cadastre d'Yvignac de 1836, le chemin s'appelle au nord du bourg "grand chemin d'autrefois", puis au sud "chemin des clôtures" ou "chemin de Plumaudan à l'Etinais"

(7) Entre la Griponière et le Boudou, A. Ramée a reconnu "l'agger eparaît la Croix Gombert avec son empierrement. Sa largeur bien nette est de 6,20m.

(8) ancien cadastre de Brusvily - 1836

(9) Dans cette partie du tracé, sur commune de Caulnes, A. Ramé a reconnu la voie à plusieurs endroits : radier près de la Ville Pierre, blocs de pierre dans le ruisseau de Bourrien et fragment de voie juste au sud, pavage apparent près des Champs Lizards, près de Launay tronçon large de 5,20 m élevé en chaussée, à l'angle nord-est du bois de la Haie radier encore visible.

(10) J.P. Pincemin a repéré le radier de la voie dans la parcelle qui borde le carrefour de la Croix-Rouge.

(11) Cette partie de la voie a également été reconnue par Gaultier du Mottay - Recherche sur les voies romaines des Côtes-du-Nord - 1867

(12) ancien cadastre de Saint-Jouan-de-l'Isle - 1833

(13) Entre la Chapelle-Blanche et Quédillac, on notera le lieu-dit la Ville ès Rieux qui évoque la direction de la voie.

 

 NOTES :

Caulnes, ancien vicus près de la voie. Lors des travaux de construction de la voie ferrée, en plus de briques et de poteries et de monnaies, des tambours de colonnes et des restes de thermes furent exhumés.

Plaque sculptee mairie caulnesplaque sculptée - Mairie de Caulnes

Caulnes fouilles voie romaine bois de la haie corseul rieux

le bombé de a voie à Caulnes - photo Inrap

Dans le bois de la Haie, à Caulnes, l’archéologue Gilles Leroux a étudié une zone de la voie, sur 50 m, en 2017.

Sur une emprise de 20 m de large, on distingue la présence de deux talus extérieurs et de deux fossés qui délimitaient une bande de roulement de 8 m de large. La structure de la chaussée repose sur une fondation de blocs de grès ou de galets de la grosseur d’un poing, recouverts de niveaux gravillonnés.

Le chemin, antérieur à la période romaine, a semble-t-il été utilisé, diminué de moitié, jusqu’à la fin du 19ème siècle .

 

 

 

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